24 novembre 2014

Les furies de Boras - Anders Fager

La Suède, de nos jours. Les monstres, de tout temps. Les êtres qui rodent au-delà de l'espace et du temps et qui, quand ils croisent notre réalité, une fois tous les battements de coeur (leur coeur ?), une fois tous les siècles, ont faim... et nous détruisent sans même comprendre qui nous sommes, nous, les grands singes au sang chaud.
Les furies de Boras est un recueil de nouvelles d'horreur lovecraftiennes contemporaines, et c'est très réussi.  Les récits sont tous bien, certains sont très bien. Il y a une lycéenne qui règne sur une société de filles héritières d'une longue lignées de danseuses sauvages, un petit garçon qui se demande ce qu'il y a au fond du trou, une vendeuse de poissons exotiques avec de graves problèmes de peau...
Les récits sont habiles, bien menés, à plusieurs niveaux de lecture, bref, une distraction très excitante pour tout amateur de lovecrafteries. Bien mieux que tous les pâles imitateurs, parce que l'auteur a un ton bien à lui, avec une forme de critique sociale acide qui s'ajoute à des rencontres si proches de notre quotidien... Une lecture fortement conseillée, merci au dealer qui me l'a refilé dans une discrète chambre d'hôtel pas loin de l'Atlantique.
Je ne connaissais les éditions Mirobole, mais ces gens ont l'air de savoir ce qu'ils font.

Dans le genre, on peut rapprocher les furies... de l'excellent Neonomicon d'Alan Moore, qui m'a encore plus retourné la tête dans ses réinterprétations contemporaines du Mythe.



5 commentaires:

  1. Je pensais que tu connaissais déjà ! C'est vraiment pour toi, ce livre.

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  2. J'ai pris un catalogue des éditions Mirobole à Octogônes et je l'avais repéré comme "à mettre dans le panier Amazon". Ton avis lui a fait gagner quelques places :)

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  3. Et voici un titre que je dois à Charybde, qu'est-ce que je deviendrais sans eux, ils me sauvent la vie plusieurs fois par an.

    Alors que je ne suis vraiment pas amateur du genre épouvante, ce livre m'a tellement plu que je ne lâchais pas. Entre autres parce que je retrouvais dans plusieurs nouvelles la furie de boras du texte initial.

    J'ai plusieurs fois lu cette comparaison avec Lovecraft, que je ne comprends absolument pas (et même si une des créatures est citée dans le dernier texte). Et pourtant j'ai relu un recueil de Lovecraft récemment. Je n'arrive pas à faire le lien: il faut que tu m'éclaires.

    Pourquoi cela me semble complètement différent? Parce qu'il n'y a pas du tout la structure en "double ascension" des nouvelles d'HPL (vous savez, un premier récit d'exploration, une pause, un second récit qui va encore plus loin). Il n'y a pas non plus les longues descriptions de paysages extrêmes mais crédibles. Il y a au contraire des scènes d'action totalement étrangères à Lovecraft. Et aussi la vague impression que l'héroïne fait partie d'une communauté qui maîtrise quelque chose (pas tout, mais quelque chose) au surnaturel environnant - et voilà qui est juste à l'opposé de Lovecraft.

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  4. @Le lecteur (avec des spoilers)
    Dans la forme et dans le projet, ça n'a rien à voir avec Lovecraft.
    Mais...
    On a ici surtout une réutilisation de "l'univers" lovecraftien (Shub-Niggurath et ses sombres chevreaux dans le premier texte & le culte dans le marécage, Nyarlathotep dans le dernier, les profonds dans un autre + Ithaqua qui est une création de Derleth) et cette tentative de traiter ces êtres fantastiques inhumains en les intégrant à notre univers familier (sorties en boîte, maisons de retraite, etc.).
    Si on imagine que ces extraterrestres/dieux extérieurs/êtres fantastiques existent vraiment, alors Lovecraft en parle sous un angle, Fagers sous un autre (et moi, en tant que MJ, sous encore un autre).
    Un autre parallèle, frappant dans l'histoire de la marchande de poisson, est la manière qu'à Fagers, à partir du même élément fantastique que HPL (l'homme qui se transforme en poisson, pour faire simple) crée tout comme HPL un récit à double lecture. Dans "le cauchemar d'Innsmouth", fabuleuse nouvelle au passage, on voit une hantise de la mixité des sangs et un second discours raciste épouvantable, dans le texte de Fagers on peut lire quelque chose sur la laideur physique, les otakus, les bizarres.

    Reste que si le recueil est réussi (je l'ai aussi dévoré), il ne s'agit pas d'une construction uniquement basée sur Lovecraft (j'y vois aussi des réminiscences de Stephen King, par ex.). Dans le genre de construction post lovecraftienne, le Neonomico de Moore est beaucoup plus fort à mes yeux, bourrés de jeux métas-littéraires hyper malins.

    Mais bon. Pour conclure : Iaï Iaï ftaghn !


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