16 juin 2009

Notes sur Le glamour

J'ai fini avant-hier la lecture du Glamour. C'est un roman exceptionnel, un des tous meilleurs de son auteur, j'en recommande ardemment la lecture. On y trouve de nombreuses scènes étonnantes, dont une étrange séance d'hypnose où l'hypnotiseur croit lui-même être hypnotisé, le récit d'un voyage dans une France de cartes postales, une escapade en amoureux paranoïaque et cauchemardesque dans le nord de l'Angleterre, une visite en voyeurs dans une maison populaire de Londres et une des scènes de sexe les plus insoutables que j'aie jamais lues.

Quelques réflexions (attention, risque de spoilers. J'ai pris pour l'instant de grandes précautions pour ne pas parler du fond du roman, ni de son sujet. Là, j'arrête)

Les six parties (d'inégale longueur) du roman, changeant chacune de point de vue (plus ou moins) paraissent chacune saper la vision du monde émise par les autres. La réalité, chez Priest, paraît avoir une nature hautement quantique, elle existe, mais dépend du point de vue de l'observateur...
Rien que de réussir à faire sentir cette idée (très choquante et très vraie, selon moi), le Glamour est grand roman.

Un autre point intéressant, naturellement, est l'exploration du thème de l'invisibilité. Qu'elle soit sociale ("Harry", Susan jeune font partie de ces gens qu'on ne remarque pas), hypnotique (l'hypothèse d'Alexandra), amnésique (la vision de Richard) ou psychique...
La chute, très étrange, du roman, montre Priest tentant de créer un lien entre invisibilité et fiction. Un invisible, un "glam", n'existe que parce qu'ont dit de lui (c'est le cas de Niall, tout au lond du roman). Etre invisible, c'est glisser dans la fiction...
Puis les dernières paroles de Niall semblent renverser la donne, ce sont les visibles qui deviennent fictionnels, le personnage fictionnel devenant auteur à son tour - et là, on rejoint les vertiges de la fontaine pétrifiante.
Quant à la fameuse carte postale (dommage que tu ne soies pas là, X) elle sonne comme une amère plaisanterie, un tour de force du diable/de Niall/de l'auteur pour secouer encore un peu plus notre sens des causalités.
Et vous, lecteurs du Glamour, qu'en pensez-vous?

3 commentaires:

  1. Très bon roman, qui m'avait laissé une forte impression, que j'avais trouvé très prenant à la lecture et vertigineux dans son écriture. Il n'y a que la fin qui ne m'avait pas emballé. On dit que Priest n'est pas un finisseur... j'avais trouvé qu'il y avait une vraie montée en puissance et puis plop, en fait, non, rien. A lire ton billet, je me dis que certaines choses m'ont sans doute échappées...

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  2. Bon, en fait j'ai déjà posté dans l'autre billet sur "le Glamour" mais bon... Comme Clément, la fin ne m'a pas emballée. Ce livre promettait tellement, rien que dans son titre, le Glamour (The Glamour en version originale)... alors bien sûr je ne m'attendais pas à une histoire de fey, mais la référence ne peut manquer de se faire pour le lecteur je pense, rien que par le titre, et même la capacité d'invisibilité.

    Alors j'attendais un dénouement mieux que "la réalité est-elle de la fiction ou inversement et comment on se positionne par rapport à ça". Parce que cet argument là, on le ressent tout au long du livre, pas seulement par le style et les différents points de vue, mais par la construction aussi (l'amnésie, l'amant fantôme mais présent indiscutablement, le caractère de susan, l'histoire de niall et susan; l'hypnose).Pourquoi nous l'explique t'il à la fin de cette façon?
    On avait compris l'interrogation, merci, on n'est pas débiles non plus (et en ce sens son roman est bien construit : C'est l'escalade, on monte, on s'attend à, non pas forcément un truc complètement irrationnel, mais à quelque chose qui claque et nous déroute... )

    Or la fin retombe comme un soufflet. Envie de dire, "c'est trop facile", limite même si j'étais de mauvaise foi : eh mais agatha chrisite l'a fait avec le meurtre de roger ayckrod...

    Ce qui m'a donné envie de lire du Priest, c'est d'avoir vu le film "Le Prestige". Bon sang, quelle claque. En plus dans l'angleterre victorienne (si je me souviens bien), ce qui semble apparemment assez peu courant chez Priest (qui situe le plus souvent ses romans dans des petites bourgades d'angleterre modernes ou contemporaines).

    Concernant "Le glamour", j'ai lu quelque chose qui pourrait s'y apparenter, genre plusieurs degrés de narration, un genre de don étrange, de l'hypnose, et plusieurs façons d'appréhender une situation qui découle de comment on la gère... c'est "Roi du matin, Reine du jour" de Ian Mac Donald, chez Lune d'encre aussi, et c'est énorme. (ne pas se fier à la 4ème de couverture qui est trompeuse, heureusement ça préserve le suspens).

    Mais peut-être ai-je cet avis car cela fait longtemps que je lis énormément de bouquins de transfictions ou de sf concernant la perception de la réalité.

    Après, je persiste en Priest. Je viens de finir "Une femme sans histoires", dont j'attendais à la fin la conclusion (ou du moins une résolution) qui n'est pas venue, mais cela reste un ouvrage très prenant. Là, j'ai commencé "Les extrêmes", où dans ce cas c'est au tout début que j'ai eu un peu de mal. (je dois être compliquée...)

    Et je vais bien sûr lire "le Prestige", j'ai adoré la fin du film... à voir.

    - Nathalie- (je n'ai pas de blog, mais parce que "Anonyme", c'est trop facile^^)

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  3. @Nathalie
    Priest foire ses fins de manière générale, dans le sens où il n'y a jamais d'explication, jamais de solution, juste un vertige, personnellement ça ne m'a jamais dérangé (sans doute parce que je n'aime pas la solution des mystères).
    Et le glamour ne m'a jamais fait pensées aux fées et à tous ces petits trucs nuisibles.
    Merci pour le conseil du Ian Mac Donald, j'essaierai de me le procurer. On ne dira jamais assez de bien des choix éditoriaux de Lunes d'encre :-).

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